« Aux gens qui, pour m’avoir vu avant et après la greffe, me disent : “C’est le jour et la nuit”, je réponds : “C’est la nuit et le jour plutôt.” La greffe m’a sorti d’une longue nuit où m’avaient enseveli les déformations, les regards et les moqueries, une nuit de trente-cinq ans dont je ne voyais pas la fin. Depuis l’opération, je vis de ce jour que je n’espérais plus. Anonyme dans la foule, je ne suis plus celui qu’on dévisage avec effroi et cruauté. Je suis un homme parmi les hommes et je marche sans peur vers celui qui approche et va bientôt me croiser, son regard glissant, sans plus, sur mon visage. Je suis tout simplement un homme heureux. » Premier greffé total du visage en juin 2010, Jérôme Hamon, l’année de ses quarante ans, raconte sa vie d’avant, marquée par les assauts de la maladie de von Recklinghausen, mais aussi sa volonté de vivre désormais comme tout le monde, ses espoirs et la façon dont il s’est approprié son nouveau visage. Jérôme Hamon nous livre le récit saisissant d’une expérience hors du commun et porte un regard sans complaisance sur notre société de l’image et de l’apparence.