Dans les premières années du XXIe siècle, une bulle se développa au sein de l'immobilier résidentiel américain. L'appréciation rapide du prix des maisons permit à des emprunteurs peu fortunés, regroupés au sein du secteur subprime, d'accéder au statut envié de propriétaires. La bulle requérait un flux constant de nouvelles recrues et quand celles-ci firent défaut en 2006, la bulle éclata : les prix de l'immobilier stagnèrent avant de partir à la baisse. Les emprunteurs subprime qui ne pouvaient faire face à leurs engagements sans une appréciation constante du prix de leur logement se retrouvèrent rapidement en situation délicate. La mise sur le marché de leurs logements ne fit qu'aggraver la crise.
L'industrie financière s'était d'abord adaptée passivement à la bulle, elle la facilita ensuite en mettant au point de nouveauux types de prêt. La "titrisation" permit de regrouper des collection de plusieurs milliers de ces prêts sous la forme d'une obligation classique vendue à des investisseurs éparpillés à la surface de la planète. Quand un nombre important d'emprunteurs subprime jetèrent l'éponge, ces oblagations tombèrent sous la barre de la rentabilité, entraînant des pertes considérables pour les établissements financiers qui les détenaient dans leur portefeuille. Affaiblis, ceux-ci accordèrent de moins en moins de prêts, provoquant un tarissement du crédit qui ne tarda pas à affecter l'économie réelle dont la vitalité repose sur l'accès à ces capitaux.
Tel est l'enchaînement qui a abouti à la crise financière majeure partie des Etats-Unis et qui ébranle ou menace le système bancaire de plusieurs pays européens.
Anthropologue réputé, expert en intelligence artificielle et spécialiste de la formation des prix travaillant dans le monde bancaire, Paul Jorion jette depuis plusieurs années un autre regard sur l'économie ; il annonçait ainsi dès 2005 ce qui allait devenir la crise des subprimes.