"Ai fait environ 170 km à pied à travers la haute Drôme. Ai écrit au jour le jour les notes de ces étapes." Cette indication du 27 juillet clôturant le Journal de Jean Giono pour l’année 1939 laissait sur leur faim les lecteurs désireux de ne rien ignorer des pérégrinations pédestres de l’homme de Manosque et du Contadour. Mais voilà que, quatre-vingt-cinq ans plus tard, à la faveur d’une heureuse trouvaille dans les archives d’une juridiction d’exception de l’Occupation, le modeste cahier manuscrit de ce "voyage à pied en Haute-Drôme" refait surface… Et il nous offre le témoignage émouvant, spontané et puissant d’un Giono qui ne conçoit le travail romanesque que plongé dans la substance du monde et la géographie humaine, telles que l’appel de la marche y conduit – dans ce "pays étrange", à l’écart des terres familières, laissant deviner "un diabolisme souterrain". L’écrivain consigne ici ses observations, ses sensations ainsi que ses réflexions sur la création littéraire… qui le mèneront, quelque dix années plus tard, à l’écriture de l’un de ces chefs d’œuvre, Les Grands Chemins, le grand roman noir de l’amitié.