Peut-on parler de l’islam en France en gardant raison ? C’est un défi. L’écrivain Kamel Daoud le résume avec acuité : « Comment, en démocratie, garder les musulmans, et même les rassurer tout en isolant les islamistes ? Tel est le pari difficile mais essentiel que la France doit relever. » Ce numéro de rentrée de la Revue des Deux Mondes espère, à sa mesure, y contribuer.
Par nos lâchetés, nos petits arrangements voire notre naïveté vis-à-vis du travail de sape des fondamentalistes, nous fragilisons notre socle démocratique et républicain. Fruit d’un exotisme intellectuel, d’une profonde ignorance ou d’une histoire coloniale inassumée, il y a dans notre pays un front émollient, qui a en quelques années métamorphosé « Je suis Charlie » en « Je suis Hamas ». Des digues ont sauté les unes après les autres, jusqu’à l’émergence d’un nouvel antisémitisme auquel une fraction de la gauche extrême et légale s’est ralliée. Abdennour Bidar refuse pour autant le pessimisme. Penseur universaliste, défenseur de la laïcité, il plaide pour le dialogue entre croyants ou non-croyants malgré une époque de plus en plus communautariste, indifférente et séparatiste. Si malheureusement, pour beaucoup, la distinction entre islam et islamisme devient impossible, le philosophe soufi rappelle que le combat contre le radicalisme se gagnera aussi avec l’appui des millions de musulmans « paisibles ». L’islam est-elle une composante à part entière de l’identité française ? Son empreinte dans notre histoire est en tout cas ancienne ; les premières incursions en Gaule de musulmans date du VIIIe siècle dans le sud de la France tandis que la première mosquée est inaugurée le 14 avril 1916 à Nogent-sur-Marne, en pleine guerre ! L’édifice a été voulu par les autorités militaires alors que des dizaines de milliers de musulmans des colonies se sont engagés pour combattre dans les rangs français.
Lisez aussi le récit de la vie de Pierre de Ronsard, notre poète national, trop souvent réduit à quelques vers sur la fugacité de la vie puis faites un saut dans le temps avec une interview passionnante de Bénédicte Delorme-Montini sur le rap. Musique urbaine, protestataire et souvent sulfureuse, le rap constitue une véritable culture de substitution.
Bonne lecture !
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