À l’automne 1989, les feux du bicentenaire de la Révolution française à peine éteints, éclatait dans un collège de l’Oise une nouvelle querelle de la laïcité dont nous ne sommes pas encore vraiment sortis?: des collégiennes entendaient imposer dans leur établissement le port d’un voile qui manifestait clairement leur appartenance religieuse. Faute d’en cerner les enjeux, les gouvernants de ce temps ne surent juguler ce phénomène, qui ne fera que se développer au fil des années. Quinze années d’application désordonnée du prin-cipe de laïcité, quinze années de débats politiques et intellectuels tumultueux, dessinant de nouveaux clivages, face à un type de conflit auquel la loi «?de séparation?» de 1905 avait pourtant durablement mis fin. L’école, creuset de notre histoire laïque, se retrouvait en première ligne devant de tels atermoiements. Il fallut attendre 2004 et, à la suite des travaux de la commission Stasi, l’interdiction dans les écoles, collèges et lycées publics « du port de signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse » pour que ces débats soient en partie tranchés par la loi. Encore celle-ci n’a-t-elle pas tout réglé, comme en témoignent les tentatives, sans cesse à l’œuvre depuis, d’attenter à la laïcité. À l’occasion des vingt ans de la loi, ce livre revient sur l’histoire et le sens de l’apparition à l’école de manifestations politico-religieuses, de 1989 à aujourd’hui.