Le Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal héberge depuis 2013 la revue Santé mentale au Québec (RSMQ) fondée en 1976. Il est alors devenu fiduciaire de ce riche héritage d’un savoir partagé en français, qu’il veut pérenniser. Hélas ! Comme chacun le sait, la langue anglaise domine outrageusement les publications d’articles scientifiques. Certes, c’est pratique, mais c’est aussi problématique, ainsi que souligné récemment dans un éditorial publié dans Nature Human Behaviour. D’abord, cela défavorise les auteur(e)s qui doivent s’exprimer dans une langue seconde, et en particulier dans des domaines, dont la santé mentale, où de fines nuances mieux maîtrisées dans sa langue maternelle peuvent faire une différence significative. Par ailleurs, cela induit des biais dans le processus de révision des articles défavorisant les auteur(e)s dont la langue maternelle n’est pas l’anglais, et par conséquent la culture qui est la leur. Alors que nous devrions célébrer la richesse de la diversité culturelle et sa contribution à l’essor de la recherche, de sa diffusion et de son intégration, essentielles pour résoudre une multitude de problèmes que nous partageons à l’échelle planétaire, de plus en plus de revues s’inquiètent des effets néfastes de ce monopole de l’anglais sur la diversité et la vitalité de la recherche scientifique. Or l’une des premières missions de la RSMQ est précisément d’apporter sa contribution à cette diversité de regards et d’analyses pour la santé mentale.