La Révolution tranquille occupe une place privilégiée dans les mémoires collective et publique, comme en témoignent les nombreuses commémorations dont elle fait l’objet tous les cinq ou dix ans. Sujet (ou objet) encore « chaud », elle est devenue un lieu de mémoire régulièrement évoqué dans un contexte de luttes politiques, sociales et culturelles visant à maintenir ou à revoir le rôle de l’État, les composantes identitaires du « nous », le rapport aux « autres » et la hiérarchisation des principaux enjeux de société. Malgré la place centrale qu’elle occupe dans les débats publics, la Révolution tranquille comme objet d’histoire mérite une attention plus soutenue de la part des chercheurs et des chercheuses en sciences humaines, de manière à nuancer certains aspects de son récit qui demeure, à maints égards, teinté par la mémoire des acteurs qui ont vécu ou qui ont bénéficié des réformes mises en place à partir des années 1960. C’est dans cette perspective que nous avons conçu et réalisé ce dossier thématique.