Dans son sixième roman, Guillaume Perrotte nous entraîne dans la folie d'une fan de littérature érotique qui ne veut pas perdre celui qui l'a fait tant fantasmer.
Nu, les membres solidement attachés aux barreaux du lit par des ceintures en cuir souple et des bas noirs... Voilà comment j'ai repris connaissance après avoir bu un pot avec Aurore dans une taverne de Brive, située à moins de cent mètres de la salle des fêtes avant de perdre la tête, sans doute à cause de l'alcool, vu ma bouche pâteuse et mon début de migraine.
- Alors comme ça, vous n'êtes plus inspiré pour écrire des romans érotiques ; vous auriez pondu le premier jet d'un polar tout public ? m'a-t-elle lâchement provoqué d'une voix suave, tout en se mettant à me caresser le ventre de sa main bouillante.
- Vous avez mis quoi exactement dans mon verre, quand je suis allé pisser ? Un somnifère ? Du GHB ?
Elle a souri voluptueusement, les yeux malicieux. Puis elle a approché son visage du mien, ses lèvres de mon oreille gauche et m'a susurré :
- N'ayez crainte, Guillaume : je vais vous aider à retrouver toute votre inspiration.
Tout dégénère pour Guillaume Perrotte le jour où il se retrouve à la Foire du livre de Brive-la-Gaillarde et qu'une jeune et jolie jeune femme, grande fanatique de ses textes licencieux, se présente à lui pour une dédicace.
Plus que ses longs cheveux blonds bouclés en mouvement dans l'air, comme si sa chevelure dense était chargée d'électricité statique dans cette bruyante foire littéraire, c'est son regard bleu-noir, habité d'une sensualité abyssale, qui m'a aussitôt frappé en plein dans le mille. Moins un coup de foudre qu'un coup de fouet, ai-je ressenti à cette seconde en la voyant m'adresser un sourire pâle, éclairé d'un terrible romantisme. Si je la voyais pour la première fois en chair et en os, je connaissais précisément sa date de naissance : le 21 septembre 1982. Ainsi que son prénom et son nom de famille : Aurore Lavigne. Je connaissais encore deux ou trois choses d'elle d'assez personnelles grâce à Facebook.
Dans cette mise en abyme entre l'écrivain et sa lectrice, Perrotte transcende cette histoire excitante et noire, tout en adressant un clin d'oeil amusé à Stephen King.