Poursuivant le travail d’édition des manuscrits inédits de Louis Althusser, entamé avec succès par Initiation à la philosophie pour les non-philosophes et Être marxiste en philosophie, tous deux traduits dans plus de dix langues, les Presses universitaires de France publient Les Vaches noires, une auto-interview polémique rédigée en 1976, dans laquelle le philosophe revient sur sa relation chahutée avec le Parti communiste français, dont il fut longtemps un pilier intellectuel, quoique contesté. Mêlant considérations théoriques, polémiques politiques, observations de coulisses et confessions personnelles, cette réflexion sur les suites à donner au 22e congrès du Parti communiste français est l’un des textes les plus singuliers d’Althusser – et aussi, à de très nombreux égards, un de ceux dans lesquels il se met le plus à nu. À la fois critique sévère du Parti et défense inconditionnelle des idéaux qui y président, c’est surtout un texte qui dresse un programme d’une actualité surprenante quant à l’organisation de la lutte révolutionnaire au moment de son reflux. Tout ensemble document historique, politique, philosophique et biographique, Les Vaches noires mettent en pièces l’image, encore tenace, d’un Althusser dogmatique, pour restituer toute la souplesse, la complexité et l’inquiétude de sa pensée – celle d’un marxiste pour temps de crise, à l’instar du nôtre.