Croisement entre Arsène Lupin, pour son côté pickpocket, et Sol, pour son amusante dyslexie, Jeff, le héros de Mélamine Blues, ne laissera personne indifférent. Personnage grincheux à souhait et à la vision teintée de cynisme, il aura tôt fait de bousculer le conformisme ambiant par ses savantes analyses à l’emporte-pièce. Vingt ans après La Note de passage, François Gravel nous livre un roman corrosif, détonant et jouissif. Qu’on se le dise ! Jeff est un préposé aux bénéficiaires un brin dyslexique qui peut vous entretenir jusqu’à plus soif de ses théories sur l’expansion de l’Univers, le rôle des Jordannaires dans la carrière d’Elvis Presley, ou encore l’importance du vocabulaire pour amorcer la pompe à désir féminine. Pour arrondir ses fins de mois, il se fait parfois pickpocket culturel. Iseult est propriétaire d’une boutique médiévale. Douée d’un sens de l’organisation peu commun, elle a le don de scénariser des coups fumants. Elle aussi s’intéresse aux poches arrière de ses contemporains, mais elle est surtout en quête d’un enjeu moral satisfaisant. Quand ces deux-là conjuguent leurs efforts pour détrousser les baby-boomers donneurs de leçons, les concessionnaires Chrysler et les amateurs de jazz, ça grince dans la culture !