L’histoire de notre XXe siècle peut se lire comme un roman. Comme un roman, elle s’est construite sur des rencontres, des luttes, des trahisons : Heidegger supprimant la dédicace de son livre, Être et Temps, à son ancien professeur de philosophie, Edmund Husserl, parce que ce dernier était juif ; Freud conversant avec Mahler dans les rues de Leyde, une nuit d’été de 1910 ; Husserl appelant à lutter, lors d’une conférence donnée en mai 1935, contre la chute de l’Europe « dans la haine spirituelle et dans la barbarie ». C’est cette même conférence que devait découvrir Jorge Semprún, alors interné à Buchenwald, par l’entremise d’un autre détenu, Felix Kreisler, au cours des heures de discussions dominicales volées à l’enfer du camp auprès de Maurice Halbwachs. Des années quarante à la chute du communisme, à la réunification allemande et à la construction européenne, ce livre lucide et passionné est le témoignage d’un grand intellectuel européen sur les épisodes les plus marquants de notre histoire.