Pourquoi un régime qui semblait devenir une démocratie libérale depuis la fin du XIXe siècle a-t-il emprunté dans les années 1930 une voie qui l’a fait comparer aux fascismes européens ? Contrairement à l’Italie et à l’Allemagne, le Japon a basculé dans l’ultranationalisme sans qu’un parti fasciste ne prenne le pouvoir et sans qu’on puisse distinguer un moment plus décisif que les autres. Convaincu que la démocratie n’a pas d’avenir si l’on ne cherche pas à comprendre la dynamique profonde de cette évolution, Maruyama Masao s’attache à mettre en lumière les singularités du cas japonais. Abordant tour à tour l’idéologie officielle, le rôle des mouvements d’extrême droite et la psychologie des dirigeants, il nous explique comment le système hérité de l’ère Meiji (1868-1912) a fini par engendrer ce « fascisme atrophié » qui a conduit son pays à un désastre pourtant prévisible. Écrite et publiée au lendemain de la guerre, cette analyse fit date et reste aujourd’hui encore incontournable.