La pensée de Claude Lévi-Strauss a façonné le XXe siècle. Disciple de Montaigne autant que de Rousseau, l’auteur de Tristes Tropiques a pulvérisé une certaine bonne conscience de l’Occident dans les années cinquante en montrant qu’il n’existait pas de peuple sans culture, ni d’aune commune à quoi on puisse juger les systèmes de croyances et encore moins les condamner. Vingt ans plus tard, il pulvérise une certaine bonne conscience progressiste en exonérant l’hostilité envers les autres de toute connotation raciste car c’est le « droit de chaque culture à rester sourde aux valeurs de l’Autre ». C’est même le prix à payer pour la survie d’un optimum de diversité. Tel est l’héritage de Lévi-Strauss : une pensée complexe qui ne se laisse jamais enfermer.
Qui est vraiment le pape de l’anthropologie française ? Pourquoi et comment évolue sa réflexion ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer à l’heure où la pensée woke et décoloniale revendique un racisme anti-Blancs et où l’angoisse du grand remplacement s’oppose à l’idéologie multiculturaliste dans un affrontement binaire et exacerbé ?Également dans ce numéro de la Revue des Deux Mondes, un hommage à l’immense Maurice Genevoix, entré il y a tout juste un an au Panthéon. Ceux de 14, son chef-d’œuvre sur la Grande Guerre, monument de papier en mémoire des camarades connus et inconnus, fut écrit dans l’espoir de fortifier une humanité toujours menacée. Vivre n’est-il pas survivre ?
Écrire n’est-il pas vivre avec la mort ? Chaque livre de guerre ou de paix de Genevoix est empreint de cette quête.
Valérie Toranian