Anna Karénine (Tome 2 - Version Entièrement Illustrée) Léon Tolstoï Résumé : La quête d'absolu s'accorde mal aux convenances hypocrites en vigueur dans la haute société bourgeoise de cette fin du XIXe siècle. Anna Karénine en fera la douloureuse expérience. Elle qui ne sait ni mentir ni tricher - l'antithèse d'une Bovary - ne peut ressentir qu'un profond mépris pour ceux qui condamnent au nom de la morale sa passion adultère. Et en premier lieu son mari, l'incarnation parfaite du monde auquel il appartient, lui plus soucieux des apparences que véritablement peiné par la trahison d'Anna. Le drame de cette femme intelligente, sensible et séduisante n'est pas d'avoir succombé à la passion dévorante que lui inspire le comte Vronski, mais de lui avoir tout sacrifié, elle, sa vie de femme, sa vie de mère. Vronski, finalement lassé, retrouvera les plaisirs de la vie mondaine. Dans son insondable solitude, Anna, qui ne peut paraître à ses côtés, aura pour seule arme l'humiliante jalousie pour faire vivre les derniers souffles d'un amour en perdition. Mais sa quête est vaine, c'est une "femme perdue". Anna Karénine met en scène la noblesse russe, sur laquelle Tolstoï porte un regard critique. L'auteur y oppose le calme bonheur d'un ménage honnête formé par Lévine et Kitty Stcherbatskï aux humiliations et aux déboires qui accompagnent la passion coupable d'Alexis Vronski et d'Anna Karénine. Paru en France pour la première fois en 1885, Anna Karénine marque l'entrée triomphale de la littérature russe dans la culture européenne. Il est considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature. Extrait : Que d’anxiétés, que de soucis, que d’argent dépensé, que de luttes avec son mari lorsqu’il avait fallu marier Dolly et Nathalie ! Maintenant il fallait repasser par les mêmes inquiétudes et par des querelles plus pénibles encore ! Le vieux prince, comme tous les pères en général, était pointilleux à l’excès en tout ce qui touchait à l’honneur et à la pureté de ses filles ; il en était jaloux, surtout de Kitty, sa favorite. À chaque instant il faisait des scènes à la princesse et l’accusait de compromettre sa fille. La princesse avait pris l’habitude de ces scènes du temps de ses filles aînées, mais elle s’avouait actuellement que la susceptibilité exagérée de son mari avait sa raison d’être. Bien des choses étaient changées dans les usages de la société, et les devoirs d’une mère devenaient de jour en jour plus difficiles. Les contemporaines de Kitty se réunissaient librement entre elles, suivaient des cours, prenaient des manières dégagées avec les hommes, se promenaient seules en voiture ; beaucoup d’entre elles ne faisaient plus de révérences, et, ce qu’il y avait de plus grave, chacune d’elles était fermement convaincue que l’affaire de choisir un mari lui incombait à elle seule, et pas du tout à ses parents. « On ne se marie plus comme autrefois », pensaient et disaient toutes ces jeunes filles, et même les vieilles gens.