Aimer la France
À l’ère des crises identitaires, du retour malheureux vers la race, l’origine et la couleur de peau, alors que ce qui nous divise prend le pas sur ce qui nous rassemble, Romain Gary nous propose une formidable leçon de vie. Un destin à rebours des dogmes et du déclinisme victimaire.
L’assignation identitaire ? Pour l’auteur des Racines du ciel, elle ne peut exister. Tout homme est un héros en puissance qui se doit de dépasser les limites qu’on lui impose ou qu’il s’impose. L’existence est d’abord un style. Cette vision esthétique lui vient de sa mère, qui lui avait inculqué « le goût de l’art vivant et vécu ». Et l’avait promis à un grand destin.
À l’instar d’Oscar Wilde, Romain Gary, né Roman Kacew, a mis son génie dans ses multiples vies et seulement son talent dans ses œuvres. L’écriture est la promesse d’une perpétuelle réincarnation. La vie devant soi compte plus qu’être soi. Et d’abord être qui ? Romain Gary, Émile Ajar, Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat ? L’écrivain aux multiples pseudonymes, le reporter, le diplomate turbulent ? Ou avant tout l’aviateur de la France libre, l’un des premiers à avoir rejoint Londres après l’appel du 18 juin ? Compagnon de la Libération, « la seule tribu à laquelle j’ai appartenu à part entière », disait-il.
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Lourdeur bureaucratique (qui s’est révélée catastrophique lors de la gestion de la pandémie), inflation des dépenses publiques qui représentent largement plus de la moitié de la richesse nationale, un record dans l’OCDE, profusion de fonctionnaires, hypertrophie des réglementations... : la France est-elle devenue un pays communiste ? Ou plutôt la patrie d’un communisme « mou » car notre démocratie n’a évidemment rien à voir avec un État totalitaire et policier ? Nous avons posé la question à Jacques Sapir et à Agnès Verdier-Molinié. Pour l’économiste, non seulement l’économie de la France n’a rien de communiste mais à ses yeux, les déficiences de l’appareil productif français imposent, au contraire, le retour à un souverainisme économique et industriel. Il préconise pour une politique de l’État plus interventionniste mais qui, selon lui, est impossible en restant dans le cadre de l’euro.
Pour la directrice de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques, la passion savamment entretenue de l’égalité, l’hypertrophie de l’État-providence, la mauvaise allocation des ressources, le refus forcené de la comparaison chiffrée, le volume des agents publics, toutes ces réalités militent pour reconstruire d’urgence le modèle d’un pays fortement bureaucratique. Et afin d’éviter notre « dérive populo-communiste », il faut, selon Agnès Verdier-Molinié, « agir au niveau constitutionnel ».
Le débat est ouvert !
Valérie Toranian
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