L'exploration scientifique de l'univers est, au fond, une interrogation sur l'homme. En témoigne l'intérêt croissant pour les sciences du vivant et les sciences de l'homme.
Mais ce retour aux questions essentielles comporte deux risques majeurs. Le premier est la tentation d'abandonner la rigoureuse discipline intellectuelle qui a permis les spectaculaires succès des sciences "dures". Le second résulte de l'intérêt même, pour chaque homme, de tout ce qui concerne l'homme, mettant à rude épreuve l'exercice de l'esprit critique.
C'est ainsi qu'en ces domaines une vulgarisation biaisée, trop souvent sous couvert de présenter les apports de la science, diffuse les affirmations dogmatiques d'une idéologie. Le développement récent de la "sociobiologie" et sa vulgarisation illustrent bien ces dangers. Que peut-on sérieusement dire aujourd'hui des fondements biologiques du comportement social ? Le déterminisme génétique pèse-t-il inéluctablement sur l'humanité ?
Au terme d'une étude attentive, Albert Jacquard nous montre comment la biologie et la génétique modernes éclairent le paradoxe central de l'homme et sa responsabilité : "Etre homme, c'est vouloir être libre. Or, je connais de l'intérieur ma possible liberté, mais mon intelligence me montre ses limites. Cette liberté, comment la construire, comment la transmettre ?"