Entre cinq mille et huit mille personnes par semaine viennent s’asseoir par groupes de quatre cents sur les petits bancs de la cour attenante à la maison de Mallah, l’une des voyantes. « Ce qui nous gène le plus, c’est le manque de place ». En fait, l’exiguïté elle-même sert Mallah et sa compagne Marie-Lumière qui, autrement, se casseraient la voix à parler haut et fort de 7h du matin – arrivée du premier groupe-jusqu’à, parfois, 9h du soir, avec une courte interruption pour le repas de midi.
Chaque groupe reste environ deux heures sur place. Dehors, un millier de personnes attendent leur tour dans le plus grand calme, sauf le jour dévolu aux turbulents lycéens. Dehors, chacun a sa place marquée par un bidon ou une bouteille d’eau de source qu’il doit obligatoirement apporter : une file de cent mètres de récipients de toutes les formes et de toutes les couleurs dont personne n’oserait modifier l’alignement. On vient de nuit retenir sa place. Cette eau répond au joli nom de « bonheur ».
On est frappé de prime abord par l’ordre et le recueillement qui règnent à l’extérieur, mais un recueillement qui n’a rien de contraint. Un climat de bonheur.