Les mois passent et puis les années. Attachés aux événements au jour le jour, nous ne distinguons pas bien les grands mouvements de fond. La petite aiguille de la montre est la plus importante, mais nous ne la voyons pas bouger. Avec La montée des jeunes, Alfred Sauvy nous plonge au sein même de l’histoire de France, telle qu’elle se dessine, mais telle qu’on ne la voit pas encore. Cette poussée de jeunes rameaux sur le vieil arbre, après un siècle et demi de vieillissement, c’est-à-dire de dessèchement, est un signe extraordinaire de renouveau, dont les conséquences se feront peu à peu sentir. Les cinquante années qui viennent de s’écouler, l’auteur nous les retrace, pour la France, d’une façon bien peu conforme à ce qu’on peut lire dans les manuels. Mais cette vue saisissante nous permet de mieux nous projeter en avant, à la recherche de notre destin. La montée des jeunes n’est cependant pas le talisman magique qui, par sa propre vertu, ranime tout autour de lui. Elle impose à la France une charge sérieuse, les douleurs d’un immense et glorieux enfantement. La nécessité de cet « accueil » aux jeunes amène l’auteur à décrire les conditions de l’économie française, à déraciner les vieilles idées économiques sur le développement et à montrer une doctrine neuve. Le chemin de la France nous apparaît alors clair et prometteur. Un véritable rebondissement dans l’histoire.