Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Nicolas Gogol. — "Je demande qu'à l'occasion de ma mort on ne s'empresse pas de couvrir de louanges ni de critiques mon œuvre dans les journaux et revues: tout cela relèverait du même parti pris que durant mon existence. J'ai été très malade, presque sur le point de mourir. Rassemblant le reste de mes forces et profitant du premier instant de pleine lucidité de mon esprit, j'ai écrit un testament spirituel dans lequel, entre autres, j'ai imposé à mes amis d'éditer après ma mort quelques-unes de mes lettres. Je voulais du moins, ce faisant, racheter le caractère oiseux de toute ma production publiée jusqu'à ce jour, puisque mes lettres, de l'aveu même de ceux pour qui elles ont été écrites, répondent à un besoin plus urgent que mes œuvres. [...] Je choisis moi-même dans les dernières lettres qu'il m'a été possible de récupérer tout ce qui se réfère davantage aux questions qui intéressent aujourd'hui la société, laissant de côté ce qui ne peut avoir de sens qu'après ma mort, excepté ce qui peut être de quelque importance pour une petite minorité. J'ajouterai deux ou trois articles littéraires, j'y joindrai mon testament lui-même. [...] Mon cœur me dit que mon livre est nécessaire et qu'il pourra être utile. Je pense ainsi, non que j'aie une haute opinion de moi-même ou que je compte sur mon savoir-faire pour me rendre utile, mais parce que jamais comme en ce moment je n'avais éprouvé un désir aussi lancinant de servir à quelque chose." — Nicolas Gogol (extrait de la préface).