L’Albanie, toujours déroutante, constitue un cas à part dans l’ensemble des pays anciennement communistes. Jadis stalinien – contre l’URSS de Khrouchtchev –, puis citadelle maoïste contre l’Europe entière, ce petit pays de trois millions d’habitants a vécu, depuis 1978, isolé du monde socialiste. En mars 1992, le pouvoir communiste, qui fut l’un des plus totalitaires de la planète, s’est effacé, laissant le pays dans un état de dévastation inouï. Ce livre permet de comprendre cette évolution historique et de mieux saisir les enjeux et les dangers du présent. Ses auteurs, qui ont vécu plusieurs années en Albanie, éclairent les paradoxes et les mystères de ce peuple en soulignant le poids de l’histoire. Des Byzantins aux Ottomans puis aux Italiens, les Albanais furent presque toujours soumis à des puissances extérieures. D’où, notamment, le succès initial du "national-communisme" d’Enver Hoxha, qui sut aussi mobiliser à son profit les divisions religieuses et l’archaïsme des clans familiaux. Solidement documenté, nourri de nombreuses anecdotes et d’entretiens avec diverses personnalités albanaises (au premier rang desquelles le grand écrivain Ismaïl Kadaré), cet ouvrage apporte un regard neuf sur le "pays des aigles" et la place qu’il peut prendre dans la nouvelle "tempête balkanique" des années quatre-vingt-dix.