Ces derniers temps ont été marqués, dans l’aire européenne, par des événements d’une portée considérable : le renversement des dictatures militaires au Portugal et en Grèce, l’accélération caractéristique du pourrissement du régime franquiste en Espagne, dont le renversement est désormais à l’ordre du jour. Or, la voie suivie dans la chute des dictatures portugaise et grecque, ainsi que le processus en œuvre en Espagne posent une série de questions importantes, qui sont encore loin d’être éclaircies. Elles s’articulent, pour l’essentiel, sur un point précis : les régimes portugais et grec n’ont « apparemment » pas été renversés par un mouvement insurrectionnel massif, ouvert et frontal des masses populaires ; pas davantage par une intervention militaire de l’étranger, comme ce fut le cas pour le nazisme allemand et le fascisme italien. Quels furent donc les facteurs qui ont déterminé leur renversement, et comment l’intervention des masses populaires s’est-elle exprimée ? Ces questions concernent de nombreux pays qui, comme le Portugal, la Grèce et l’Espagne, relèvent de la zone de dépendance par rapport aux métropoles impérialistes, et qui, eux aussi, présentent des régimes de la forme d’Etat capitaliste d’exception, c’est-à-dire de guerre ouverte contre les masses populaires : fascismes, dictatures militaires, bonapartismes. Enfin, certaines de ces questions concernent également les pays européens dits « industrialisés » et « libres ». La Grèce, le Portugal et l’Espagne sont caractérisés par une dépendance très particulière : ces pays ne relèvent plus de la situation dite de « sous-développement » et, par leur structure économico-sociale, ils se situent dans l’aire européenne. Les événements qui s’y déroulent concernent ainsi directement les autres pays européens.