"Les Chiens de garde" est un pamphlet impitoyable contre la caste des philosophes académiques de la Troisième République. Sa cible principale est la philosophie abstraite et formelle, qui se dresse comme un paravent devant les jeunes gens, refusant d'ouvrir les yeux sur le monde et prenant pour alibi une quête fallacieuse de la vérité. Paul Nizan dénonce avec vigueur la collusion des élites intellectuelles avec le pouvoir politico-économique en place, ainsi que l'ensemble de valeurs que ces "chiens de garde" défendent dans leurs oeuvres en vue de garder au pouvoir la classe dominante dont ils sont des membres privilégiés, soutenus par l'appareil institutionnel et idéologique lié à l'Etat (Université, Presse, Police, etc). L'auteur d'"Aden Arabie" leur dénie la prétention à oeuvrer au service de l'humanité et leur rappelle que leurs pensées et raisonnements, si élevés soit-ils, ne sont que des produits de leur classe et de leur époque. Brillant, acerbe, lucide et passionné, "Les Chiens de garde" constitue un témoignage irremplaçable sur la vie intellectuelle, sociale et politique du XXe siècle, et son appel vibrant à l'insurrection contre l'ordre établi n'a rien perdu de sa fraîcheur.