Ce pays somnole et dodeline. Les campagnes se sont vidées plus qu’ailleurs. Plus qu’ailleurs les villages en ruine marquent le pas des randonneurs. Mais la plus grave menace est le désert du dedans. La Provence alpine végète par manque de désir. Si elle perdait de sa réalité, où trouver ce qu’elle est seule à donner, ses heures violettes, ses pierres à mémoire, ses échanges de lumière et de nuit, ses hommes de nature, ses plateaux bleu mistral, ses collines de rouille, le mouvement de ses montagnes dans le réseau de leurs sentiers, le rythme des villages, tous ces grands riens faits par l’histoire, si peu spectaculaires et si loin de Venise ? Il faut réveiller cette Provence comme une belle au bois dormant.