Dans une perspective diachronique et pluridisciplinaire, les contributions de ce volume se proposent d'explorer les différentes formes d’appropriation, d’adaptation ou de détournement de la mythologie, qui ont abouti d’un côté à des lectures originales des fables anciennes, de l’autre à un nouveau statut du mythe, voire à des modèles mythologiques différents. Dès l'Antiquité, la mise à distance du mythe a été une source de créativité, renouvelant les formes d’écriture et conduisant à une réorganisation du patrimoine culturel mythologique. En relation avec la polémique soulevée par Platon, les commentateurs néoplatoniciens et les mythographes de l’Antiquité tardive ont engagé un véritable débat sur le bon usage des mythes, sur lequel se sont greffés, au Moyen Âge, des discours supplémentaires, par le biais de la traduction, de la glose et de la réécriture. La réflexion médiévale sur le mythe a entraîné une adaptation de la matière mythologique ancienne, voire un détournement de son sens premier lorsque les récits mythiques païens ont été mis au service des valeurs courtoises et de la Révélation. Le discours moderne sur le mythe s’est enrichi, lui, d’autres instruments (la psychanalyse littéraire, la mythocritique...) et a permis d’avancer des interprétations inédites de l’héritage mythologique, ancien et médiéval, ainsi que de nourrir les discussions sur la nature du mythe.