Voici un ouvrage captivant tant par son projet que par sa forme. Les carnets noircis par le narrateur au fil de ses visites aux archives secrètes de la police du Guatemala nous révèlent des découpages bruts du réel qui interrogent constamment les limites entre crime politique et banditisme, entre idéologie et corruption, entre justice et terrorisme d’État. Au récit des difficultés rencontrées pendant ses recherches vont progressivement se surimposer les souvenirs, les réflexions personnelles, les lectures (Fouché, Voltaire, Borges et son ami Bioy Casares), mais aussi des bribes du quotidien et des questions éthiques. Le résultat est un fin et savant tissage qui nous renvoie à la fois à une certaine idée du journal d’écrivain et aux enquêtes les plus contemporaines sur la mémoire historique.