Dès les débuts du mouvement ouvrier socialiste, le prolétariat s’est efforcé d’exercer une pression sur les Parlements, d’acquérir de l’influence dans leur sein et de parvenir ainsi à la puissance politique ; et dès les débuts du mouvement, dans les rangs mêmes des socialistes, on s’est opposé à cet effort.
Le mouvement chartiste anglais d’il y a un demi-siècle, nous présente déjà cette opposition : les Chartistes, eux, emploient toutes leurs forces à lutter pour le suffrage universel et la journée de 10 heures ; les partisans du socialisme philanthropique, des utopistes, au contraire s’opposent de la manière la plus décidée à toute tendance entraînant le prolétariat et les socialistes dans les luttes parlementaires ;
Le prolétariat militant socialiste a fait depuis, en théorie comme en pratique, des progrès considérables ; il a gagné en profondeur de vue et en expérience, et cependant la vieille querelle revient toujours sur l’eau : la participation aux luttes parlementaires, — conquêtes des sièges et batailles parlementaires, — est-elle nécessaire, est-elle même avantageuse pour le prolétariat, ou bien n’est-elle pas plutôt propre à le corrompre et à lui nuire ?
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.