La laïcité française, loin d’avoir été un simple aménagement technique des rapports entre l’Église et l’État, a longtemps figuré au nombre des principes fondamentaux de la société française : elle visait à asseoir l’ordre politique sur les prescriptions de la raison universelle, à reléguer les appartenances confessionnelles dans la sphère privée et à instituer l’État en conscience rectrice de la communauté des citoyens. Or, depuis quelques années, ce modèle est sévèrement questionné. À la « séparation-neutralité » qu’il impliquait tend à se substituer, sur fond de crise de l’ethos républicain, une « séparation bienveillante » davantage ouverte à la publicisation des allégeances particulières. Cet ouvrage, issu d’un colloque tenu à Rennes à l’automne 1999 sous le patronage de l’Association Française de Science Politique, entend examiner les conditions de cette mutation. Après s’être arrêté sur la signification originelle du système français de laïcité, il s’emploie, d’une part, à décrypter les raisons de son obsolescence et, d’autre part, à analyser les modalités tout à la fois intellectuelles et normatives de sa recomposition. Si la laïcité demeure bien une « valeur d’aujourd’hui », c’est au prix d’une transformation significative de son contenu.