Au départ, un simple cambriolage qu’Anne Rivière voudrait considérer comme un non-événement, à peine un fait divers. Depuis quarante ans qu’elle vit seule dans son deux-pièces parisien du xixe arrondissement, c’est la première fois que l’on fracture sa fenêtre. Elle n’en fait pas un drame. Pourtant, quelque chose s’infiltre par la vitre brisée. Une brèche s’ouvre qu’elle ne pourra plus combler. Elle regarde, témoin d’elle-même, le passé qui s’engouffre. Affluent les images, et les trous noirs dans sa vie. Quand la police lui apprend l’identité de son voleur, un jeune type du quartier, cette dame effacée à l’existence mécanique semble sortir d’un long rêve. La voilà qui arpente les rues et le cherche. Elle découvre son adresse et lui écrit, passe la nuit sur son palier, l’attend au tribunal. Et se souvient de la jeune fille qu’elle fut, qui portait un autre prénom, qui était amoureuse. Avant. Avant un épisode de sa vie qu’elle s’est employée à oublier et auquel son cambrioleur fantôme vient sans le savoir de la ramener.
Alain Defossé explore dans une langue immédiate, froide et sensible, les fêlures intimes d’une femme, sa vocation « borderline ». À travers elle, il éclaire aussi l’opacité de la mémoire française et l’ambivalence des pulsions sexuelles et amoureuses.
Traducteur (notamment de Bret Easton Ellis, Alan Hollinghurst, Sarah Waters, Henry Miller…) et romancier, Alain Defossé a récemment publié On ne tue pas les gens (Flammarion, 2012). Effraction est son neuvième roman.